perpetuel Klezmer
Denis CUNIOT, pianiste klezmer
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Coup de Coeur MONDOMIX

D’aussi loin qu’il remonte, le klezmer, contraction des mots hébreux kle, l’instrument, et zemer, la chanson, a toujours puisé dans les rencontres un souffle et une inspiration nouvelle, qui a fait de ce genre populaire juif son style unique, reconnaissable entre tous. De la rencontre entre le clarinettiste YomguiH, et le pianiste Denis Cuniot, ce klezmer là s’avère résolument contemporain, délicieusement novateur, et infiniment talentueux.

On entend souvent dire que jouer de la musique klezmer, c’est comme raconter une histoire, et que d’ailleurs, ce n’est pas tant ce qui est dit, mais plutôt comment cela est dit qui importe. Dans The Golem on The Moon, si on ne sait pas ce qu’il se dit ni ce qu’il faut lire entre les lignes, on devine en revanche l’histoire d’amitié que se chantent, se murmurent ou se pleurent le piano survolté et la clarinette éloquente. Mariage improbable de deux instruments, virée dans le temps, fusion free-jazz tendance électro ce premier album est aussi l’histoire d’une rencontre de deux musiciens que trente ans séparent mais qu’une même passion réunit. De ces deux générations est né un dialogue explosif, nerveux, parfois dissonant, en tout cas toujours surprenant. Entre mélodies traditionnelles et compositions détonantes, le genre y retrouve un souffle.

Les audacieuses et « lunatiques » compos de YomguiH, tels les titres North et South, sont autant de plongées nerveuses et rafraîchissantes dans les bas-fonds sombres et délicieusement subversifs du renouveau klezmer. Les inconditionnels des formes classiques ne seront pas déçus pour autant. La clarinette donne toute sa mesure dans l’exquise Suite bulgare, et Nigun, délivre de somptueux arrangements. Majestueuse dans sa tristesse, violente à force d’être tendre, la clarinette chante la joie qui précède le désespoir, se fait prière, supplique, et, s’épuise dans un sanglot sublime. Une dernière note parfois reste en suspens, et l’on retient sa respiration, de peur qu’elle ne se brise. Mais soudain, c’est l’envolée de plus belle par quelques traits rapides, la tentation d’évasion dans une brève cadence jamais assouvie. Le rythme alors repart, emballé, vif et enjoué, le piano se fait swing, la clarinette furieusement jazzy, balayant l’émotion et les larmes en un clin d’oeil avec l’air de dire : on vous a bien eu !

A noter au passage la pochette de leur album signée par le père du "Chat du Rabbin", Joann Sfar , et le texte écrit par Hervé Le Tellier.

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